Pour la première fois dans l’histoire récente de la Libye, cinq femmes occuperont d’importants ministères dans le nouveau gouvernement guidé par Abdelhamid al-Dabaiba, dont celui des Affaires étrangères et de la Justice.
En Libye, un gouvernement de transition parrainé par les Nations unies et soutenu par le Parlement a vu le jour après plusieurs années de tentatives avortées. Composé de 33 ministres et de deux vice-Premiers ministres, guidé par l’homme d’affaires misrati Abdulhamid al-Dabaiba, il succédera au Gouvernement d’accord national (GNA) dirigé par Fayez al-Sarraj et doit mener le pays aux élections de fin décembre.
armi les ministres choisis – dix noms ont changé par rapport à la liste initiale proposée à la Chambre des Représentants à la suite des discussions du Parlement – cinq femmes, dont trois occuperont pour la première fois des ministères clés, feront partie du gouvernement. Il s’agit de Najla Mangouch (ministère des Affaires étrangères), Halima Ibrahim Abderrahmane (ministère de la Justice), Wafaa Abou Bakr Muhammad Al-Kilani (ministère des Affaires sociales), Mabrouka Tuffi Othman Aoki (ministère de la Culture), Houria Khalifa Miloud al-Turman (ministre des Affaires de la femme).
15 % des ministres libyens sont des femmes
Lors d’une séance du Dialogue politique libyen à Genève, Dabaiba avait promis un quota de 30 % de femmes au sein du gouvernement. Elles ne représentent finalement que 15 % des ministres, tout de même un record dans l’histoire récente du pays.
Le nouveau Premier ministre s’est justifié en expliquant qu’il n’y avait pas suffisamment de candidates aux postes ministériels pour respecter son engagement initial. Dans son discours à la Chambre des représentants, Dabaiba a toutefois réaffirmé son soutien à la présence des femmes en politique.
Pour la première fois depuis l’indépendance de la Libye en 1951, une femme occupera ainsi le poste de ministre des Affaires étrangères. Najla Mangouch aura ainsi la difficile tâche de guider les décisions en matière de politique étrangère d’un pays tiraillé entre les intérêts des puissances internationales intéressées au sort de la Libye, parmi lesquelles la Turquie, la Russie, l’Égypte ou encore les Émirats arabes unis.
Diplômée en droit à l’université de Benghazi, bien qu’originaire de Tripolitaine, Mangouch est professeure de droit pénal. Cette spécialiste en maintien de la paix s’est également formée aux États-Unis, où elle a fréquenté le Centre for Justice and Peacebuilding de l’Université privée « Eastern Mennonite University » de Virginie avant de poursuivre ses études avec un doctorat en résolution des conflits à l’Université George Mason (Virginie). Lors de la révolution de 2011, elle a été membre du Conseil national de transition (CNT), responsable de la coordination entre les villes libyennes opposées au régime de Mouammar Kadhafi.
Nouveau visage de la diplomatie libyenne
Selon le quotidien Al-Arabiya, elle réside à Benghazi mais habite depuis 2012 à Harrisonburg, en Virginie, et a travaillé dans le domaine de la formation des cadres dans plusieurs pays du monde arabe. Najla Mangouch a également représenté la Libye auprès de l’Institut des États-Unis pour la paix (United States Institute of Peace), un institut indépendant fondé par le Congrès américain pour résoudre les conflits internationaux.
Najla Mangouch devient ainsi l’une des premières femmes du monde arabe à occuper ce poste prestigieux, la quatrième après deux Mauritaniennes (Naha Bint Mouknass en 2009 et Vatma Vall Mint Soueina en 2015) et une Soudanaise (Asma Mohamed Abdullah). Son nom a remplacé à la dernière minute celui de Lamia Bousadra, ancienne sous-secrétaire au ministère de l’Information sous le gouvernement de Ali Zeidan (2012-2014), qui apparaît dans la première version de la liste des nouveaux ministres libyens rendue publique le 6 mars, avant le vote de confiance du Parlement.