Contrairement à l’année dernière, plusieurs ateliers de couture à Kindia sont envahis par des habits. Les clients se bousculent et chacun veut être le premier à récupérer son habit. Les tailleurs sont sous la pression, c’est le cas de Maîtresse Aïcha Camara rencontrée dans son atelier à l’immeuble Bouya Massidi qui depuis le 12ème jour du mois de ramadan passe la nuit dans son atelier.
« Cette année nous disons Dieu merci contrairement à l’année dernière. J’ai eu beaucoup de clients c’est pour cela d’ailleurs je travaille nuit et jour mais malgré cela les clients sont trop pressés chacun veut récupérer vite son habit et on ne peut satisfaire tout le monde à la fois. On essaie de les sensibiliser de patienter. Heureusement cette année le courant est stable mais nous rencontrons beaucoup des difficultés : je ne dors pas bien cela joue un peu sur moi, je laisse mon mari et mes enfants à la maison pour le travail ; il y a des clients aussi qui ne payent pas le prix normal, ils disent que la conjoncture actuelle est difficile parfois on est obligé d’accepter. Le prix des matériels est aussi très cher au marché par exemple la broderie, la popeline et tant d’autres. Cela ne dépend pas de nous, ce sont les commerçants qui ont rendu les matériaux de couture très chers sinon la couture n’est pas aussi chère comme ça. Par exemple chez moi, la couture varie de 50.000 à 100.000 GNF » explique-t-elle.
De son côté, maîtresse Fatoumata Camara affirme avoir reçu assez de travaux mais il n’y a pas d’argents. Les clients se plaignent de la galère « depuis le 20ème jour du mois de ramadan j’ai arrêté de prendre les habits, parce que j’ai peur de ne pas finir la tenue des gens avant la fête. Ensuite j’ai reçu du boulot mais il n’y a pas d’argent. De toutes les façons je peux dire que nous avons eu la chance cette année par rapport à l’année dernière. Depuis que les autorités guinéennes ont annoncé l’interdiction de la prière nocturne, les gens ont peur qu’on interdise aussi la fête. Je me dis que si cette décision était annoncée très tôt, on n’allait pas avoir beaucoup de clients » analyse-t-elle.
Les tailleurs de la cité des agrumes travaillent nuit et jour mais ils ont du mal à joindre les deux bouts. Selon eux, ce secteur manque d’accompagnement de la part de l’État guinéen.
Mamadou Samba Diallo 657835989